La robe de ma poupée est dans le même
tissu qu’un drap de ma grand-mère. Il sent le café, les gros sucres de cannes
en morceau et les flans au feu de bois, le pain frais à l’arrière de la 4L, les
mots croisés du journal, les crayons taillés au couteau et le gros dictionnaire
Larousse. Il sent aussi les cahiers à dessiner dans de vieilles enveloppes, la
lessive Maison verte, l’humidité de la réserve, les pinceaux de mon grand-père
et les pastilles Vichy. Il sent les dictées de Pivot, « Question pour un
champion », les cures à Balaruc les Bains, le Frontignan et les mardis
soirs à la bibliothèque. Il sent la littérature anglaise, Jane Eyre, Le silence de la
mer recouvert d’un papier transparent, les gommettes et les châteaux en
bouchons de lait bleus. Il sent une voix à peine assurée, la belle écriture d’institutrice
et les sourires devant des moineaux qui picorent, le sac en cuir marron, les
lourds cheveux blancs et les élégantes jambes croisées, il sent Mamiô.
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Sa silhouette lui ressemble! Les jambes raides, toujours un peu resserrées. Cette manière de se tenir, silencieuse...
RépondreSupprimerLa chair palpite sous le tissu
Une dame qui connaît Mamiô
Une merveille de délicatesse, et tant de poésie.
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